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samedi 26 février 2011

Catharsis et Saint-Jean-Baptiste

Rég, Rég, Rég, notre maire mégalomane maniaco-dépressif préféré (en espérant que ce commentaire me vaudra une poursuite ce qui augmenterait substantiellement le nombre de lecteur de ce blogue) veut déménager l'Annuel festival de la beuverie à ExpoCité dans le but avoué de rendre la fête plus sécuritaire.

Ponctuée d'émeutes, d'arrestations et d'évènements tragiques dans les années 90, la Saint-Jean-Baptise s'est calmée. Cependant, l'année dernière (2010 pour les voyageurs spatio-temporel), les festivités ont donné lieu à 27 arrestations sur les Plaines d'Abraham, ce qui les placent à 14 de moins que les émeutes de 2008 entourant la victoire du Canadien contre les Bruins. "Sauvés par la pluie" disent les autorités mais Dame nature ne sera peut-être pas si coopérative l'année prochaine. 

D'accord ! La Saint-Jean-Baptiste n'est pas tout à fait une fête familiale, du moins le 23 juin sur les Plaines. Pour éviter de laisser de côté les fiers reproducteurs du Québec, les banlieues ont instauré plusieurs fêtes familiales, en plus du pique-nique annuel sur les Plaines du 24 juin. Le gros gros problème, c'est que les familles ne peuvent voir le show, version annuelle et édulcorée du spectacle de 1976 avec Gilles Vigneault, Robert Charlebois et Yvon Deschamps. En vrai, la vocation familiale de la Saint-Jean n'a jamais vraiment existé, sauf lorsqu'elle se greffait à la vocation religieuse. 

Extrait d'un monologue d'Yvon Deschamps faisant référence aux émeutes de 1968, à Montréal, année où la Saint-Jean-Baptiste est devenue la Fête nationale :
 «Moi quand j'tais p'tit, c'tait pas d'même: les chevaux passaient et pis après, la parade suivant. Astheure y ont tout changé ça: astheure quand les chevaux arrivent devant l'estrade d'honneur, y ont décidé qu'y faisaient un show d'chevals. L'affaire c'est qu'nous autres, y nous l'avaient pas dit pis on était dans l'chemin. Ça fait que la police essayait de nous pousser pour faire d'la place pour les chevaux, mais en arrière y avaient d'autres polices qui eux autres nous r'poussaient...

Sont niaiseux les Saint-Jean-Baptiste! Y auraient pu nous l'dire, c'est dangereux pour les enfants ces affaires là! Eille les chevaux là, y dansaient parmi l'monde, envoye donc! Fa qu'y a des chevaux qui s'enfargeaient dans l'monde pis y a du monde qui s'enfargeait dins chevaux, c'est dangereux ces affaires-là! T'sais qu'un cheval qui s'casse une patte, c'est pus bon!»

Réunion annuelle du "Ouest kon est comme culture ?", la Saint-Jean est un baril de poudre qui, ma foi, se contrôle assez bien dans les circonstances. Me voilà peut-être cynique ou défaitiste, mais cette fête est une débauche inévitable et son déménagement à ExpoCité n'y changera rien. La Saint-Jean-Baptiste est une bacchanale moderne, un moment où la ville se livre à ses plus bas instincts, puis tombe dans une honte et une amnésie généralisées lors du retour à l'ordre établi. Cette fête correspond à la grosse brosse que nous prenons, une fois par année et qui nous fait dire, le lendemain, plus jamais. Elle est suivie de prises de bonnes résolutions. L'après St-Jean, c'est un mois de janvier à grande échelle. 

Vous me direz peut-être que la Saint-Jean-Baptiste a perdu son sens profond et que c'est cette perte de sens qui mène à la beuverie. Je suis d'accord, mais quel sens voulez-vous lui donner, la question nationale est divisée en deux et le sens religieux est évacué. Depuis des années, on célèbre la Fête Nationale en réglant la question identitaire par le retour vers le passé, le trad et les reprises. Si les familles se sentent exclues, que pensez des immigrants, des anglophones, des autochtones et des fédéralistes ? La Fête nationale regrette l'avant 1980 et semble incapable de le dépasser. 

Il ne faut pas non plus croire que les Fêtes nationales des autres pays se résument à observer un feu d'artifices avec une quiétude dans l'âme. Les déchets nationaux jonchent les sols d'après-fêtes de tous les pays. 

Donc, mes recommandations ! 
1) Du calme ! Les générations d'avant ont fêté rough, on a fêté rough et les générations futures ont aussi le droit de fêter rough. Au pire, ils risquent de devenir semblables aux générations d'avant, ce qui, avouons-le est un peu paniquant...

2) Conserver le même type de travail policier. La répression est une très mauvaise idée quand les gens sont saouls et qu'ils sont plus à même de chercher la bagarre. Les services policiers font un excellent travail depuis les dernières années, pas d'arrestations abusives et une présence constante des effectifs sur le terrain. Je leur lève ma Labatt 50 ! 

3) Un spectacle plus actuel et moins porté sur la nostalgie afin de convier la population sur le site plutôt qu'à l'extérieur.  

Sommes toutes, les fêtes de la Saint-Jean causent tout de même moins d'émeutes que les matchs du Canadien. Et pourtant, la construction de l'amphithéâtre n'est pas remise en cause par l'Équipe Labeaume. Donc si on s'attarde tant à la sécurité d'un évènement... Ah ! Capital politique, quand tu nous tiens !


1 commentaire:

  1. Lors de la fête du Canada à Victoria, C.-B., les coch vidaient les sacs à dos de leur bouteilles et cannettes : eux ont dû se faire un maudit beau party!

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