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mardi 8 mars 2011

Ces femmes qui veulent être sucées...

Ah ! Quel titre invitant... Mais oh ! Douche froide ! En cette journée de la femme, je fais une chronique analytique culturelle de la propagande stéréotypée dans la romance féminine nouveau genre. Des histoires écrites par des femmes, pour les femmes et mettant en scène des femmes. Voici une analyse de trois diverses fictions mettant en scène des femmes voulant être sucées... par des vampires.

Oh ! Douche froide !

L'article ci-dessous se subdivisera en 3 sections :
- L'image de l'homme dans ces fictions
- L'image de la femme
- Explication de l'attrait qu'exerce les vampires

Mais d'abord, cernons le corpus :
J'exclue de mon analyse tous les Draculas et Nosferatus pour la simple et bonne raison qu'ils ont été écrits par des hommes. J'exclue également de mon analyse l'oeuvre d'Anne Rice, dans laquelle les hommes et les femmes sont à la fois victimes et bourreaux, ce qui n'entre pas dans le schéma traditionnel. De plus, ses personnages sont pour la plupart bisexuels, certains sont travestis, et les règles de l'enfantement naturel sont brisées par la renaissance vampiresque, ce qui donne à ses personnages un aspect androgyne qui complexifierait une analyse basée sur le genre.

Les oeuvres analysées seront donc : Twilight (Livres et Films), True Blood (émission tirée des livres de Charlaine Harris) et Vampires Diaries (émission)

1) L'image de l'homme
L'homme de ces romances est tout naturellement un vampire, et son état est décrété plus ou moins tôt dans la fiction. Les personnages masculins se séparent en deux catégories :

Le bon :
Lui, c'est Edward Cullen, Bill Compton ou Stefan Salvatore. Son aspect est ténébreux, sa peau est pâle et sa présence possède la faculté extraordinaire de faire disparaître les bruits ambiants, pratique ! Il n'a pas vraiment le sens de l'humour. Du moins, pas au début, il est trop gentil.

Cependant, le bon a la mauvaise manie de stalker. En peu de temps, il sait où habite sa belle et qui sont ses amis. La percevant comme un être faible et fragile, il se dévouera corps et âme à sa protection, mettant ainsi sa vie en grand danger.

Car être aimé d'un vampire attire forcément l'attention des mauvais vampires... Tadam !

Rapidement, le bon développera une relation amoureuse avec sa belle, de plusieurs centaines d'années sa cadette. Il lui enseignera tout ce qu'elle doit savoir sur ce monde nouveau, et tel un nouveau-né, elle fera ses pas dans cet univers de noirceur. Si l'histoire le permet, il lui donnera peut-être même naissance, sous sa nouvelle forme de vampire.

Daddy issues ! Freud en aurait long à dire là-dessus.

Le mauvais :
Il y a deux types de mauvais : les mauvais laids, qui meurent vite, assassinés par le bon, et les mauvais canons, qui feront concurrence au bon dans une parade amoureuse qui rendrait jaloux les paons.

Le mauvais possède ces trois caractéristiques :
- Il est beau comme un coeur, on a le goût de lui pincer les joues.
- Il est drôle, caustique, et délicieusement blasé.
- Il est nettement plus puissant que le bon.

Ce type de mauvais retrouvera la voie de la bonté par le contact de guess who, la fille !

Il est violent et macho. Deux scènes croiseront inéluctablement le destin du méchant :
- La scène de baise performante (Avec plusieurs filles pour Damon Salvatore ou d'une durée de plusieurs heures pour Eric Northman)
- La scène de cruauté inouïe (Dévorer un homme pour Eric Northman, briser un nombre incalculable de cous pour Damon)

Mais voilà, un regard de sa belle et il est transformé, le voilà désormais qui ressent, qui éprouve des émotions diverses et complexes. Qui redevient un humain vulnérable par l'amour...

Le bad-boy repenti, fantasme féminin numéro un.

Donc, du côté des hommes, nous avons le choix entre un vampire paternaliste qui aurait une légère tendance voyeuriste ou un bad boy violent et sexiste mais que sous son coeur de pierre une égratignure.

Dur, dur, dur !

Oh ! mais, nous en oublions un : Jacob Black, le meilleur ami, dévoué, fidèle. Il a un petit quelque chose de canin, du moins quand il se met en colère (qui, en cas de perte de contrôle, peut lui faire défigurer sa petite amie). Il est légèrement porté sur le chantage émotif (Un bec steuplait, sinon j'me tue !), mais il est attachant et amusant. Malheureusement, il ne stimule pas beaucoup les terminaisons nerveuses de Bella, normal, c'est son meilleur ami.

Il a également la mauvaise manie d'oublier de mettre un chandail, tss, tsss, méchant garçon.

2) Les femmes
Je divise cette section selon les protagonistes :


Bella Swan :
N'est-ce pas que ce nom est tout féminin, tout plein ? On se croirait à une convention de My Little Pony.

Je disais donc, Bella est une fille très ordinaire, elle n'est pas sportive, elle est timide et elle a les cheveux bruns (le comble !. On ignore ses ambitions professionnelles, probablement parce qu'une petite voix lui disait qu'elle n'en aurait pas besoin. Sa mère est absente pour cause de divorce et d'éloignement (version moderne des Princesses de Disney) et elle ne communique pas avec son père (Daddy issues, anyone !)

Dès qu'elle apprend l'état d'Edward, c'est le grand amour, les grandes déclarations. S'ensuivront le mariage et tout le bataclan, le bébé vampirhumain (WTF !!!!), et la découverte de ses talents de bouclier, hé oui ! Bella entre vite dans une dangereuse dépendance dans sa relation avec Edward, si bien que leur séparation la poussera à des similis tentatives de suicide. Mais Edward revient, s'excuse, dit qu'il avait des remords  et comme cela arrive souvent dans les films, il obtient un passe-droit sentimental pour avoir correctement identifié une émotion.

Bella est une image fictionnelle de dangereuse dépendance financière et sentimentale envers Edward. Ils se sont mariés, ont eu un bébé (j'essaie d'oublier) et n'ont jamais eu de problèmes d'argent car Edward en fait plein. Hourra !

Sookie Stackhouse
Sookie est une serveuse un peu idiote qui peut excuser le fait qu'elle ait peu d'ambition professionnelle par son manque de culture, logique, inventivité, etc.

Vierge de 25 ans, elle balance tout, string et compagnie, à la rencontre de Bill Compton, élément déclencheur de scènes plus torrides les unes que les autres.

Elle est constamment dans un cycle de danger, sauvetage, dispute avec Bill, réconciliation fluidifiante, danger, sauvetage, etc. Elle est la demoiselle en détresse par excellence. Plus vulnérable que tous ses ennemis, elle brave cependant la mort pour sauver son amoureux, mais bon, c'était plus stupide que courageux.

Deep down, Sookie rêve d'une vie tranquille et d'une maison en ordre. Voilà peut-être pourquoi elle a accepté si tôt la demande en mariage de Bill après environ deux semaines de fréquentation (pour les curieux, la temporalité de True Blood est vraiment serré, si on suit précisément les jours et les nuits, il se déroule un peu moins d'un mois entre le début de la première et la fin de la troisième saison).

Elena Gilbert
Orpheline (...Disney Princess...), Elena poursuit tant bien que mal sa scolarité jusqu'à ce que Stefan la tire de sa morosité.

Intelligente, forte tête et indépendante, Elena fut la seule à rejeter son petit ami vampire, Stefan, à la découverte de son état. Après plusieurs épisodes de débat entre le coeur et la raison, elle revient vers lui lorsqu'elle découvre qu'elle est une source de danger pour tout le monde (parce qu'elle est un genre de devilish doppleganger, genre). Faisant montre de colères justifiées, elle a cependant tendance à vouloir sauver tout le monde et à se sacrifier inutilement.

Elle s'interroge, s'instruit, construit des plans et tue des méchants. Bon, elle n'a pas un grand sens de l'humour, elle a un air beaucoup trop sérieux lorsqu'elle tente de convaincre Damon de ne pas tuer des gens, non mais.

Elle délaisse l'école un peu lors de la deuxième saison, mais pour des raisons, disons de survie. Elle n'hésitera pas à interrompre un câlin amoureux pour accomplir ses devoirs de bonne étudiante.

Conclusion
Pourquoi les femmes tripent autant sur des romances stéréotypées dans lesquelles le personnage féminin (outre Elena) est unidimensionnel ?
Mes hypothèses :
Bella est effacée, son absence de personnalité permet à la lectrice d'y substituer la sienne afin de vivre son fantasme. Dans le cas de Sookie, elle représenterait une rivale dans le fantasme qui ne poserait pas un challenge très difficile.

Et le fantasme, ce sont les hommes de ces histoires.
- Tous les femmes cherchent leur père, toutes les femmes veulent transformer un bad boy (phrases trop souvent entendus)

Mettez ces ingrédients dans un triangle amoureux polyandre, une possibilité d'immortalité et un fluide de plus à être échangé et vous aurez tous les ingrédients nécessaires.
Qu'on le veuille ou non, les fantasmes demeurent très stéréotypés !

Cet article est ridiculement long !

5 commentaires:

  1. ooooh, si boooonnn!!!
    Analyse littéraire + Vampires = méga-canon, BOOM!
    J'adore!
    On n'a jamais fait le test pour savoir combien de temps dure True Blood... (expérience scientifique en vue!)
    xxxx

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  2. J'adoooooooooooore cet article, peut-être parce que je suis une de ces filles qui trip littéralement sur le genre ;)

    Très belle analyse, et même après cette lecture, je veux mon vampire quand même hahaha!

    Tu as une plume superbe!

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Merci à vous deux !!!! Je rajoute une photo juste pour vous !

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  5. Maintenant que je connais le personnage qui t'a inspiré ton déguisement d'halloween, je peux dire que tu possédais bien ta Sookie Stackhouse, que tu jouais avec naturel ta serveuse un peu stupide! :P (-- Oh merci, c'est gentil!, s'exclama-t-elle. -- Ça fait plaisir, j'ai toujours été très habile avec les compliments, lui rétorqua-t-il.)

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