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vendredi 1 octobre 2010

Petit guide du colloque à l'usage du débutant

Ceux qui font actuellement une maîtrise ou un doctorat devront, un jour, se soumettre à ce mutuel cérémonial d'auto-congratulations que sont les colloques universitaires. J'aimerais fournir ci-joint un petit guide pour éviter que vos premières expériences se soldent par une humiliation totale devant un binoclard asthmatique au toupet hipster.

Voici donc la première partie de ce sujet qui devrait s'étendre pendant plusieurs petits messages, ma gang de chanceux ! :

La construction de soi au milieu d'utilisateurs d'unités lexicales
 au nombre de syllabes supérieur à la racine carrée de soixante-et-un
ou
Comment survivre aux colloques universitaires

Que ce titre vous prépare à la dangereuse réalité des colloques universitaires ou la complexité de la parlure est reine !

Première partie : Quel est le but d'un colloque ?

But officiel : Présenter l'état de ses recherches à une vaste communauté d'intellectuels, permettant ainsi de renforcer son réseau social, le tout dans un contexte sympathique.

But officieux : Présenter l'état de ses recherches, de la façon la moins claire possible, pour ensuite répondre à des questions précédées d'obscures préambules. Le tout résulte alors en un duel entre le conférencier et le spectateur-questionneur, observé par une communauté d'intellectuels à l'expression neutre. Après avoir tenté de comprendre les questions et de conserver une pointe de confiance en soi, le conférencier sera applaudi poliment par quelques personnes. Le reste du colloque sera agrémenté de poignées de mains plus ou moins fermes, de timides réflexions sur l'état de ce monde et de quantités astronomiques de café tiède, mais gratuit.

Deuxième partie : La préparation.

Je ne vous dirai pas comment vous préparer en vue de votre conférence, il n'en tient qu'à vous de vous assurer de la qualité du contenu que vous allez présenter. Néanmoins, dans ce monde cruel qui n'a aucune pitié, un bon contenu se doit d'être bien apprêté. Le futur participant à un colloque universitaire se doit d'apporter une attention toute particulière aux points suivants :

1- L'habillement

Il est de bon ton d'arborer des vêtement aux couleurs foncées. Le brun, le noir, le gris et le bleu marine sont de mise. N'oubliez pas qu'en tant qu'intellectuel, vous n'êtes pas censé posséder la capacité d'agencer les couleurs. De plus, porter des vêtements ou des accessoires de couleurs voyantes pourraient donner l'impression que vous êtes heureux et bien dans votre peau. Ne donnez pas l'impression contradictoire que vous pouvez vous adonnez à la joie alors que de profondes questions existentielles vous taraudent constamment ! Pour cette raison, il est avisé d'arborer des cernes profonds sous vos yeux et une peau sans éclat, puisqu'évidemment, vous ne dormez pas et mangez mal. Dans le même ordre d'idée, n'oubliez pas d'afficher une maigreur ascétique digne de Lord Byron.

En tant que jeunes chercheurs, vous ne devez montrer aucun sens du style ou de la mode. Les hommes porteront des vêtements classiques, tels que des vestons et des gilet sans manches, mais dont la coupe est légérement trop grande pour avantager réellement la silhouette. Les femmes pourront suivre les guides : Comment vous habiller selon l'occasion ! et Comment vous habiller selon votre silhouette ! que l'on trouve dans tout bon magazine ou webzine féminin. Cependant, les conseils fournis par le deuxième guide devront être appliqués à l'inverse. Il n'est pas question de vous avantager. Rappelez-vous qu'une belle femme intelligente est un non-sens et que si jamais une telle créature existait, l'univers imploserait dans un pouf assourdissant.

2- La gestuelle

Pensez à adopter un tic quelconque qui dévierait l'attention des spectateurs, diminuant ainsi le nombre de questions qui pourraient vous être posées. La palme revient à tous les gestes entourant le front et le dessus de la tête, puisqu'il s'agit du siège de votre pensée. 

3 - Le vocabulaire

Il est maintenant temps de faire entendre ce magnifique accent international que vous avez pratiqué pendant des heures. Il vous faut éviter toute possibilité de traçabilité par l'accent qui pourrait donner lieu à des instants de familiarité de très mauvais goût.

Atténuez toutes fluctuations de votre voix. Conservez cette douce neutralité qui vous permet de changer d'opinion selon votre interlocuteur sans attiser les soupçons.

Enrichissez votre vocabulaire de :
- Évidemment.
- J'allais dire la même chose.
- J'y pensais justement.
- C'est le mot juste.

Ces phrases vous seront très utiles en toutes circonstances. Surtout lors des conversations hors-conférences.

Ceci termine donc cette première partie. La suite suivra sous peu.
Mes salutations à votre très charmante mère !



3 commentaires:

  1. Hooo, j'adoore! Je veux participer à des colloques moi aussi! Pouvoir aux tics nerveux!

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  2. Très bon! Quel sens de l'observation! Je vais tenter de mettre tes conseils en pratique lors de mes prochains colloques!

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  3. Hum, j'ADORE??? Je viens tout juste de recevoir l'invitation pour le colloque en psychoéducation et mon expérience de l'an passer me montre que ton article est TRÈS appropriée :D Je vais le montrer à quelques amies!!!

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