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dimanche 3 octobre 2010

2e partie : Guide des colloques à l'usage du débutant

Troisième partie : Être spectateur

Maintenant que vous êtes parés et caféinés, vous entrez dans un monde secret gouverné par une poignée d'initiés. À la première conférence, la douce brise de convivialité timide s'est éteinte. Désormais, vous devez vous concentrer sur trois choses :

1- Éviter tous bruits corporels

Sitôt assis sur votre chaise, vous commencez à regretter amèrement les cafés que vous avez engloutis. La peau de votre estomac se dilate, vous donnant l'allure horrible d'un texan sur le point d'accoucher d'un extra-terrestre (cliché). Il est hors de question de détacher le premier bouton de votre pantalon, un tel appel à la lubricité n'est pas le bienvenu. Demeurez assis et tentez de modifier vos grimaces de douleur en expression de concentration intense.

La suite est beaucoup plus difficile. Par bonheur, vous sentirez votre ventre dégonfler, mais ce relâchement s'accompagne d'un bruit semblable au démarrage d'une connexion internet de 1997. Restez impassible, et masquez le bruit en tournant les pages de votre calepin. Rassurez-vous, personne ne vous en reparlera. Aborder ce sujet prouverait par le fait même qu'une chose aussi tangible qu'un bruit de digestion puisse déconcentrer l'auditoire, ce qui est impossible... officiellement.

Dans le même ordre d'idées, évitez tous bruits de mastication, de craquage de doigts et de reniflements. Cependant, cette consigne ne s'applique pas aux conférenciers, ni aux présidents d'assemblés, puisque ce sont des moyens classiques pour attirer l'attention du spectateur.

2- Combattez l'ennui

Toutes les conférences ne vous apporteront pas une nourriture intellectuelle amusante. Si l'ennui vous prend, il vous faudra alors feindre l'intérêt. Voici quelques petits conseils qui ont fait leurs preuves :

- Ne sous-estimez pas l'importance du calepin. Ce merveilleux petit outil peut vous servir à dessiner le château de vos rêves, faire votre budget, écrire une lettre d'amour ou encore ériger les plans d'un vaisseau spatial en forme d'oeuf. Les possibilités sont infinies.

- Faites des paris avec vos collègues (choisissez-en un que vous ne cherchez pas à impressionner !). Par exemple, pariez 1$ que le mot "dichotomie" sera prononcé d'ici 15 minutes, 10 $ si votre collègue pose une question comprenant le mot "gonorrhée". Évitez de rire, parce que tsé, c'est pas la place !

- Observez les tics des conférenciers. Voir la section précédente.

3- Posez les bonnes questions

Vous voulez impressionner les érudits présents par votre capacité à humilier publiquement un conférencier ? N'ayez craindre, cela s'avère très facile à réaliser, il vous suffit de suivre le modèle ci-dessous :

-Longue introduction qui déballe toutes vos connaissances sur des éléments plus ou moins éloignés au sujet de la conférence. Ex : Si la conférence parle des chênes canadiens, vous pouvez parler des frênes canadiens, des forêts canadiennes, des chênes américains, de la symbolique du chêne, de la ressemblance entre le mot chêne et le mot chaîne, etc.

suivie de :

-"Votre recherche tient-elle compte de ces divers éléments ?"

Ça fonctionne à tous coups. N'oubliez pas votre accent international.

Voilà pour cette deuxième partie, la troisième et dernière section portera sur le rôle du conférencier.
Saluez vos mères pour moi.

4 commentaires:

  1. J'adore. Je prends en note ces bons conseils pour mon colloque sur la pauvreté et la modernité.

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  2. Qu'en est-il du féminisme radical dans les pays en voie de développement? (ben, ils doivent ben avoir des chênes là-bas aussi?)

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  3. Hey, je viens de me rendre compte que tu as écrit "Troisième partie" au début du post plutôt que 2e! Lapsus révélateur, tu veux pas nous en faire une 3e!! C'est complètement interdit, on attend avec impatience de savoir comment préparer sa présentation dans un colloque!

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  4. Que de plaisir ce soir à lire ce post...

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