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dimanche 20 mars 2011

Les achats

Matin typique de cette semaine :
- Un geai bleu et deux tourterelles ouvrent ma fenêtre, un écureuil soulève mes paupières
- Je monte l'escalier en gambadant et chantonnant un tamdilidilidam trouitroui...
- Deux toasts, pain brun, beurre d'arachide, thé noir et le journal, il est gros, nous sommes samedi

Fin de la typicité 
En milieu de page, encre couleur, la mode du printemps est aux années 70, pattes d'eph..., cheveux longs, souliers compensés et chemises en fleurs. 
Hé bien maudit !

Après deux ans passés à observer des copies de personnages d'un film de John Hughes, tout mon univers stylistique et mon sens du goût se trouve perturbé par cette page de journal. 

Et pourquoi ai-je soudainement des envies d'achats vestimentaires ? Je sais très bien que si je me lance, je passerai sûrement de longs mois douloureux où rien fitte avec rien. Mais en même temps, je n'y échapperai pas... l'envie d'acheter est sûrement un péché capital quelconque, à mi-fesses entre l'envie et la gourmandise. 

Mais examinons ensemble ce processus :
1 : Le stimuli : 
N'allons pas trop dans les détails car on en aurait pas assez d'un colloque. Disons seulement qu'il s'adresse à un public cible, que son enveloppe esthétique charme l'oeil, etc, etc. 

Les éléments essentiels d'un stimuli efficace : 
- Il crée un besoin : Cette caractéristique se renforce par l'effet d'exposition
Ex : Les pattes d'eph reviennent à la mode, on est sceptique, les mannequins les exhibent, on les trouve esthétiques, les peoples en mettent, on les trouvent flatteurs, les gens de la rue en mettent, on les trouvent incontournables. 
Le besoin est créé. 

- Il se greffe à des qualités psychologiques et à des émotions
Même exemple : Pattes d'eph... on pense... on pense liberté, on pense mouvement de révolution, on pense paix et amour, on pense commune, on pense sauvage, on pense printemps et renouveau, à un ensemble de possibilités, à la jeunesse d'une société... Soudainement, il nous prend des envies de chantonner The Age of Aquarius en faussant comme des bons.

2- La mise en perspective

Par chance, la majorité d'entre nous traversons ce processus. Pour les autres, que Dieu vous vienne en aide ! La mise en perspective nous convie à poser le pour et le contre, à imaginer un budget (en effet, pour la plupart d'entre nous, un budget est un sorte de créature insaisissable qui ne peut qu'être imaginé, telle une licorne), à trouver de bonnes raisons pour contrer l'envie d'achat :
- Je n'en ai pas besoin
- Je n'en ai pas les moyens
- Je n'ai pas d'endroit pour le ranger
- Je ne serai pas plus heureux en le possédant
  
3- L'acharnement du désir

On n'y pense plus pendant quelques jours, jusqu'à la nouvelle exposition. Celle-ci, décisive, se charge de transformer le désir en besoin. On y rêve, on y pense tout le temps et un jour, l'ennui fait le reste, on l'achète. 

4- La rationalisation 

Dans mon ancienne vie de grand philosophe, je me risqua à proclamer : La raison est la faculté qui sert à trouver des excuses aux accès de passions. Suite à un achat plus ou moins impulsif, on se dira à soi-même, ainsi qu'à son entourage : 
- Il était en solde
- J'en avais besoin anyway !
- Il faut être à jour, vivre de son temps (excuse pour les nouvelles technologies)
- Ça ne m'a presque rien coûté
- Je le mérite bien

Mais qu'est-ce vraiment qu'un achat, sinon qu'une volonté de se définir au monde dont on veut en posséder une partie. Acheter, c'est s'approprier son environnement et croire que par le fait même, on peut l'influencer. Acheter est une quête de perfection qui suit l'envie d'un meilleur soi-même. Acheter, c'est combattre l'ennui. Acheter, c'est arrêter de réfléchir. 

Et au final, acheter, c'est donner un sens à notre travail, un sens à notre existence fondée sur le travail et un sens au rythme rapide de notre monde. 

Bonne arrivée du printemps !



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